Geamana, le lac toxique roumain
Geamana, le lac toxique roumain
Mon avis sur Geamana, le lac toxique roumain :
Il y a des pépites que seuls les voyageurs aguerris connaissent. À force de scroller Instragram et les blogs de voyage, les passionnés comme moi sont au courant de spots cachés. Dans le cas de Geamana, il s’agit même d’un spot voué à disparaître. J’ai donc foncé pour découvrir cette merveille tout sauf naturelle.
Allez faire un tour sur mon article itinéraire et avis sur la Roumanie ici, pour une meilleure introduction sur le pays. En résumé : Après un tour d’Asie et d’australie en 2018, j’ai passé l’année 2019 à redécouvrir l’Europe, ses coins les plus reculés. C’est à ce moment que je me suis forgé une idée du voyage basée sur le contre tourisme. La Roumanie est un pays vert, accueillant (mon frère y a fait ses études), parfait pour les voyageurs en quête d’extérieur ! Mais il y a aussi un secret bien gardé : le village de Geamana, enfoui dans un lac toxique.

L'histoire du village de Geamana :
Geamana était un village tout ce qu’il y a de plus classique, perdu dans les Carpates. Il était juste au mauvais endroit. En 1977, le régime de Ceausescu découvre un gisement de cuivre à Rosia Poieni, un peu plus haut dans la vallée. Pour exploiter la mine, les ingénieurs ont besoin d’un endroit où déverser les résidus miniers : un bassin de décantation. Le site idéal ? Le village de Geamana et ses alentours. Les 400 habitants sont forcés de partir en 1978, et des millions de mètres cubes de déchets industriels liquides engloutissent la vallée. C’est pas glamour.
Pour cacher cette aberration écologique, une chape de boue est versée pour recouvrir la zone. Mais déchets chimiques et boue se mélangent donnant le lac toxique de 360 hectares qu’on peut voir aujourd’hui.
La particularité du lac ? Des couleurs anormales allant du rouge au bleu ciel, un aspect visqueux et mat et… le clocher du village, qui dépasse encore. L’ambiance est unique, surtout en automne avec la forêt qui donne un côté fin du monde.


Où trouver Geamana ?
Les autorités roumaines ne sont pas très fières de cette histoire héritée de la dictature. Pourtant, la mine est encore en activité… Geamana ne se visite donc pas. Ce n’est pas interdit, mais tout est fait pour vous dissuader. Routes difficiles et panneaux rouges sont autant de raisons de rebrousser chemin.
Pour s’y rendre depuis Cluj-Napocca, il faut une voiture (SUV si possible) et rouler 2h jusqu’à la petite ville de Lupsa. Ensuite, 3 routes mènent à Geamana aux coordonnées 46.3542°N 23.0868°E : Par Sasa, par Curmatura et par la carrière Rosia Poieni. Quand je suis passé en 2019, c’était plus simple par Curmatura, mais rien n’est sûr aujourd’hui : prenez le temps et ne faites pas 100% confiance au GPS.
Mon aventure à Geamana :
Déjà en 2019, le site était voué à disparaître. Dans mon empressement d’aller le visiter, j’ai commis plusieurs erreurs et joué de malchance :
1ère erreur : Alors que mon loueur de voiture m’avait promis un 4X4 Audi, il m’a donné les clefs d’un break Citroën. J’aurai du insister. PS : allez voir mon article sur la location de voiture, c’est important !
2ème erreur : Je n’ai pas pris assez de marge pour trouver le bon spot. Résultat, il faisait presque nuit quand je suis arrivé à Geamana.
3ème erreur : Quand il s’est mis à pleuvoir, que le sol s’est transformé en boue et que le crépuscule est tombé, je n’ai pas fait demi tour. Je voulais voir le meilleur spot, celui où le lac prend des couleurs spéciales.
Ces trois erreurs en cascade ont transformé mon voyage en aventure. J’ai perdu le contrôle de la voiture de location, qui a percuté un rocher. Il faisait nuit, dans une zone interdite au public et radioactive, sous une pluie torrentielle. À 100km de mon hôtel et de tout dépannage possible. Dans une forêt où il y a des ours sauvages. Le thermomètre baissait, et la voiture ne démarrait plus. C’est comme çà que les films d’horreur commencent m’a dit mon frère qui était avec moi ce jour là.





Des couleurs uniques :
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : ce ne sont pas mes photos. En plus de tout ce qui m’est arrivé ce jour là, mon appareil photo est mort. Mais parfois les souvenirs sont juste dans la tête !
Non je déconne j’ai méga les boules, vous avez vu ces couleurs ??? C’est fou et malsain. Au delà des couleurs, c’est la matière qui intrigue le plus. Le lac a un côté visqueux que je n’avais jamais vu ailleurs. La nuit, il est phosphorescent. Un autre preuve que ce n’est pas hyper naturel ce qu’il y a dedans…

J'ai survécu à Geamana, le lac toxique roumain :
J’étais dans la merde. La voiture ne démarrait plus, il faisait froid et j’avais raté mes photos. Au loin, dans une cabane en bois, un homme qui faisait vraiment peur me regardait galérer. Je poussais la voiture, de la boue jusqu’aux genoux avec en fond le hurlement des loups. Franchement, c’était un film d’horreur.
Mais parfois la pièce tombe du bon côté. Le monsieur qui fait peur est en fait très gentil. On fait ensemble le tour de la voiture, tout va bien. Je ne sais pas par quel miracle, il arrive à la redémarrer. Il me propose d’attendre le matin et de dormir chez lui. Faut pas pousser mémé dans les orties. Je fuis et prie pour que la voiture ne me lâche pas d’ici Cluj-Napocca, 100km plus loin… Bon, finalement je me suis perdu et j’ai mis 4h à rentrer. Mais je vous passe les détails.

Quand et comment visiter Geamana ?
La meilleure saison pour visiter Geamana (et la Roumanie en général) est l’automne. En tout cas c’est ce que les locaux m’ont dit. Pendant les 2h de route qui vous feront traverser les Carpates, vous pourrez profiter de couleurs dignes du Canada à la même période.
Il faut avoir un 4X4, ou un SUV si possible, pour éviter de vivre la même aventure que moi. PS : je connais un super loueur de voitures, contactez moi via Odyssélux. La zone ne se visite pas, et il reste peu de temps avant que le clocher soit totalement englouti. Foncez amis aventuriers !
Est ce que Geamana est dangereux ?
Oui. Pour plusieurs raisons. Comme je l’ai dit, le pays a honte de la catastrophe naturelle. (Mais pas assez honte pour arrêter de niquer la nature). Les roumains sont chauvins et n’aiment pas trop que les voyageurs viennent pointer du doigt Geamana. Même s’ils sont très gentils, redoublez de politesse dans la zone.
Le vrai danger vient du lac. N’oubliez pas qu’il est toxique et ne vous approchez pas de la boue dans laquelle vous pourriez être aspirés. Idem, évitez de manger les baies qui poussent dans la zone en été !
Ah, et il y a des ours aussi.
Que faire d'autre dans la région ?
La Roumanie est un grand pays avec de mauvaises routes. Il y a donc de la distance pour aller d’un point A à un point B. Si votre point de base est Cluj-Napocca, il faut doubler la visite de Geamana de la mine de sel de Turda. Vous pouvez également pousser un peu plus loin sur la route et passer par la Transfăgărășan, une route de montagne mythique.
Profitez surtout de la nature et des nombreuses randonnées possibles en montagne.
En Conclusion :
Tourisme
Geamana est une merveille photogénique. Que j’ai raté à cause du mauvais temps et d’une mauvaise préparation. Entre désastre écologique et urbex en pleine nature, l’endroit vaut le coup d’oeil. D’autant que le site est voué à disparaître, et que c’est pas mal de témoigner d’une telle aberration.