Le Parc National du Simien, à 4000m d'altitude
Le Parc National du Simien, à 4000m d'altitude
Mon avis sur le Parc National du Simien, à 4000m d'altitude :
L’éthiopie est un des pays les plus incroyables et variés que j’ai pu visiter. Deuxième étape de mon itinéraire, le parc national du Simien est une des merveilles de notre planète. Complètement préservé, le parc se destine aux aventuriers les plus aguerris (la guerre civile fait rage) et les sportifs en forme (combo altitude + chaleur). Mes journées dans le parc resteront un de mes meilleurs souvenirs de voyage. J’espère que mes photos vous donneront un avant goût, mais rien ne vous prépare à l’immensité des montagnes du Simien, à son écosystème. C’est l’Aventure avec un grand A. Soyez bien encadrés/préparés avant de vous lancer dans une telle expédition !
Pour ceux qui débarquent ici sans être passé par mon article complet sur l’Éthiopie, allez le lire pour un peu de contexte !
En résumé, je suis déjà en Éthiopie depuis une semaine. J’ai coché le spot le plus incroyable de la planète, le Danakil, qui était tout en haut de mon top depuis 10 ans. Je suis accompagné d’Henri, qui est en meilleure forme que moi, et j’ai organisé cinq jours de randonnées dans le parc national du Simien à plus de 4000 mètres d’altitude. Même s’il a fallu passer à autre chose, je suis encore bloqué sur la semaine que je viens de passer près du Dallol, et je ne pense pas vivre une expérience aussi incroyable de sitôt.

Gondar :
Tout commence par un atterrissage mouvementé à Gondar, capitale de la région Amhara et ville au nom stylé. Je commence à être habitué aux avions à hélices d’Ethiopian Airlines, et le survol de l’Éthiopie sauvage est l’un des meilleurs moments du voyage. Cette ancienne capitale du pays est une ville complètement dans son jus et pour une bonne raison. Nous apprenons que toute la région a fait sécession et que la guerre civile éthiopienne, qu’on croyait terminée, ne l’est pas. C’est sur la pointe des pieds que nous visitons la ville, et son chateau du 18ème.


L'insurrection de l'Amhara :
Je voulais venir en Éthiopie depuis plus de 10 ans. Vous vous doutez donc bien que j’étais informé sur la situation géopolitique du pays. Depuis 2020, une guerre civile était en court entre le gouvernement fédéral et le Tigré, la province du nord du pays. Mais l’accord de paix fin 2022 devait réouvrir le pays.
Quelle n’était pas ma surprise en atterrissant à Gondar d’apprendre l’existence d’un couvre feu à 19h, l’absence totale d’internet et les patrouilles de la milice. Malgré ce qu’en disaient l’internet, le site France Diplomatie (la photo date de 2025), ou mon guide (!), la guerre civile éthiopienne n’était pas terminée. Elle s’était juste déportée du Tigré, à l’Amhara. Gondar était donc devenue la capitale de l’insurrection contre le pouvoir central d’Addis Abeba. Nous allions donc passer deux semaines avec les rebelles.
J’ai beau être habitué à toutes sortes de voyages et avoir traversé des territoires occupés (la Palestine, à pieds en 2019) ou chauds (le Sri Lanka en 2018), je ne me suis jamais senti autant en insécurité qu’à Gondar, ce mois de janvier 2024.
Mais maintenant qu'on y est, on y est !
Nous dormons à l’AG Hotel, le seul avec Wi-fi (mais çà c’était sur le papier, je n’ai même pas pu envoyer de messages whatsapp) et de l’électricité la nuit (quelques heures). Ils avaient aussi des punaises de lit, mais çà j’en parlerai plus tard. Par contre, rien à manger. Nous avons du sortir à la recherche du seul restaurant du coin, le Four Sisters, qui a ouvert pour nous (ils n’avaient pas vu de touristes depuis des mois). Cuisine classique éthiopienne, LE lieu où manger à Gondar en temps de paix.
Le chemin du retour, de nuit poursuivi par des gamins qui voulaient nous faire les poches était un moment spécial mais qui nous met dans l’ambiance régionale. Nous avons hâte du départ le lendemain matin à 7h pour nous cacher dans les montagnes du Simien, lieu touristique protégé des affrontements et de la misère.

Le Parc National du Simien :
« Toit de l’Afrique de l’Est » et classé au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est un des paysages les plus impressionnants du continent. Mais je ne vais pas mentir. J’étais là pour les Geladas, ces immenses singes à la crinière dorée et au torse rouge qui peuplent les hauteurs. Avec un peu de chance, je verrai également le Loup d’Abyssinie et l’Ibex, deux espèces en voie de disparition.
Je pensais donc que le Simien était un immense zoo de 400km2. Je me trompais. La verticalité du paysage est la plus impressionnante que je ne verrai jamais. En plus du Ras Dashan, 4 533m (6ème plus haut sommet d’Afrique), le parc possède des dizaines de sommets à plus de 4000. Surtout, l’écart entre les vallées basses et les hauts plateaux peut atteindre 3000m, occasionnant des falaises parmi les plus impressionnantes du monde.
Pour y arriver, il faut rouler 2h jusqu’à Debarq, où se situe l’office de tourisme. Vous pouvez loger à l’hotel à l’entrée du parc (Simien lodge, ou Limalino lodge) si vous êtes en mauvaise forme physique (qu’est ce que vous foutez là?). Le mieux est un séjour de 5-7 nuits en tente dans le parc.











Une aventure sportive :
Il n’y a pas beaucoup de mots pour exprimer mon expérience dans le Simien. Le gigantisme des lieux nous fermait souvent la bouche, ou la laissait béate.
Ce que je peux dire, c’est que c’était sportif : 30 degrés et un soleil lourd, 15-20km avec 1000 de déniv+ de moyenne par jour. Moi qui prône dans mon idée du voyage le fait de partir léger et les vêtements transformables, j’ai atteint mes limites en terme d’équipement. Non, Tropicfeel n’est pas une bonne paire de chaussures pour les sommets à 4000. Non, les duvets légers ne survivent pas à des nuits à 0°, non il n’est pas possible de marcher en Afrique sans filtre à eau performant.
C’est donc avec une cheville, un genou en moins et des problèmes digestifs que j’ai atteint le sommet final, le Bhawit à 4430m. Mais j’ai survécu. Et sur le chemin, quelles expériences !
En plus de l’aventure spirituelle, toutes ces heures de marche et de contemplation, le Simien est aussi une aventure humaine. À cause de la guerre en contrebas, il n’y a plus de tourisme dans la région. Notre guide (à gauche) n’avait pas travaillé depuis deux ans, et faisait les poubelles pour manger. Il a couru 20KM et 2000dev+ pour nous rejoindre. Notre cuisinier (à gauche sur la photo du centre) n’a pas d’autre chaussures que des méduses qui ne sont pas à sa taille. Notre protecteur (le seul à avoir droit à une arme) dormait dehors sans duvet. Je me dois de leur rendre hommage.






3 aventures vécues dans le simien :
5 jours dans les montagnes çà veut dire 5j sans se laver. Sauf quand on tombe sur un point d’eau rempli de larves. Alors on saute ou pas ?
Les éthiopiens sont un peuple de musique. Tous les soirs, on se retrouve près du feu, on chante et on danse.
Ce cours de cuisine de la soupe au rat des champs, dans les conditions les moins sanitaires possibles montre qu’il faut avoir l’estomac bien accroché.
Quand et comment visiter le Simien ?
Comme partout, il n’y a pas de mauvaise saison. Les saisons de pluie apportent des paysages différents, avec des cascades, d’autres types d’animaux et moins de tourisme.
Pour la meilleure saison « estivale » il vaut mieux les mois de janvier, février, mars. Octobre et Novembre peuvent passer.
Il n’est pas légal de visiter le parc seul. En prenant des guides, vous faites vivre des familles entières pendant des mois. Je vous conseille de passer par Odysselux pour organiser au maximum votre séjour et minimiser vos risques.
Le Parc National du Simien, à plus de 4000m est-il dangereux ?
Je n’étais pas rassuré par mon arrivée à Gondar. Au final, les montagnes sont une tout autre partie de l’Amhara, protégées pour le tourisme. Un guide armé vous accompagne tout le long du voyage. Mais cette protection a ses limites. Nous avons croisé un touriste irlandais qui s’était fait voler par son guide. Restez sur vos gardes.
N’oubliez pas que la misère règne dans la région. Apportez ce que vous pouvez donner à vos guides : T-shirts, chaussures… Et tipsez bien : la plupart des guides ne vivent que de ce que vous leur donnez.
A qui je conseille le Simien ?
Le parc national du Simien est une aventure comme on n’en fait plus. Il faut être solide ou complètement inconscient pour y aller sans préparation. J’étais dans la seconde case, ne faites pas la même erreur.
En dehors de çà, il s’agit d’une des plus belles montagnes et randonnées que j’ai pu faire dans ma vie. Les plateaux sont tellement préservés qu’on a l’impression d’atterrir sur une autre planète, où l’humain n’est qu’un invité temporaire.
En bonus, il s’agit d’un lieu incroyable pour les meilleurs alpinistes et escaladeurs de la planète.
En Conclusion :
Tourisme :
Paysages incroyables, rencontres humaines hors du commun et défi sportif… Ma visite dans le parc national du Simien restera gravée dans ma mémoire comme l’une de mes plus grandes aventures. Elle ne dépassera pas la magie du Dallol, mais l’éthiopie est décidément un pays magique pour les aventuriers les plus aguerris. N’oubliez pas de bien préparer votre voyage et votre corps pour ce qui restera assurément un moment à part dans votre vie.
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