Le Dallol, numéro 1 de mon Top 10
Le Dallol, numéro 1 de mon Top 10
Mon avis sur le Dallol, numéro 1 de mon top 10 :
L’Éthiopie est un des pays les plus incroyables et variés que j’ai pu visiter. Tout en haut de ma liste depuis dix ans, le Dallol, un volcan au milieu du désert de sel du Danakyl. Territoire en guerre depuis des années (Guerre civile éthiopienne, Érythrée, Somalie, Djibouti) j’avais du repousser mon voyage. Aujourd’hui c’est chose faite et çà a dépassé toutes mes espérances. J’espère que mes photos vous donneront un avant goût, mais rien ne vous prépare aux couleurs de cette terre de volcans, à l’aventure avec un grand A qui consiste à s’enfoncer si profondément dans le désert et le centre de notre terre.
Pour ceux qui débarquent ici sans être passé par mon article complet sur l’Éthiopie, allez le lire pour un peu de contexte ! En résumé, c’est encore jetlag, et accompagné d’Henri (qui est en meilleure forme que moi, et surtout qui a moins de problèmes digestifs) que je me lance dans la visite du Dallol.

Pour arriver dans le désert du Danakil, il faut d’abord prendre un avion pour Semera, la capitale de la région Afar. C’est là que vous retrouverez les membres de votre expédition (il est impossible de visiter le désert sans tour opérateur). Il faut avoir de la chance et tomber sur le bon groupe de guides, et la bonne équipe de touristes. C’était mon cas, et je me suis réconcilié avec le voyage à plusieurs lors de ce voyage entre jeunes explorateurs. Nous étions quatre français, un malgache, deux américains et une chinoise.
Avec plusieurs 4X4, nous entrons dans le désert Afar, puis dans la dépression du Danakil, en roulant à peu près 8h. Il faut avoir le coccys solide. Et savoir s’occuper, la première journée n’est que de la route et quelques arrêts, comme au lac Afrera (à droite). Le road trip est magnifique et les premiers volcans, noirs contrastent avec une terre de plus en plus blanche.


La dépression du Danakil
Au Nord-Est de l’Éthiopie, la dépression du Danakil est un des lieux les plus extrêmes de la planète. À -120m au dessous de la mer, il s’agit du point le plus bas d’Afrique. C’est le coeur du rift est-Africain où trois plaques se séparent lentement : les plaques africaine, somalienne, et arabique. En clair, c’est un trou de plusieurs kilomètres de long, qui donne sur le centre de la planète.
Ces rifts sont habituellement situés au fond des océans, mais la Mer rouge s’est retirée pour laisser le Dallol, (volcan le plus bas du monde) à l’air libre. Il n’y a pas d’éruption magmatique, mais une production de souffre et une activité hydrothermale intense, qui rend toute la région inhabitable pour toute forme de vie. Bref, c’était le top 1 de ma liste pendant 10 ans.
Et j’y suis enfin !
Après 8h de route, nous dormons à la belle étoile dans le village Ahmed Ela. Une petite communauté Afar vit ici et c’est simple, ils n’ont rien. C’est l’Afrique telle qu’on la voit à la télé. Ils ne parlent pas anglais non plus. Il y a quelque chose de désagréable à arriver avec plusieurs 4X4 et nos tenues occidentales pour polluer des lieux aussi isolés. Il est d’ailleurs très difficile d’expliquer à nos guides qu’il ne faut pas jeter le plastique et autres déchets à même le désert… Le tourisme est une bénédiction financière pour ces peuples, mais le manque d’organisation et d’éducation du tourisme (et souvent du touriste) peut courir à leur perte…

Le Désert Afar
Si la région est si inhospitalière, c’est à cause du Dallol et de ses projections de souffre, mais aussi au damier de croûtes salines du désert Afar. Avec une température moyenne de 40 degrés et des pics à 50-60, la région connaît une évaporation constante. Combinée à une alimentation souterraine en saumure, on obtient une formation de couches de sel sur plusieurs mètres d’épaisseur.
À certains endroits, la croute de sel cache des poches d’eau dans lesquelles on peut se baigner quelques minutes. Mais comme dans la mer morte, le sel présent dans l’eau finit par nous brûler la peau.



Le Dallol, numéro 1 de mon top 10
S’aventurer dans le Dallol, c’est plonger dans les entrailles de la planète. C’est simple, aucun organisme vivant n’y survit. Masqués, nous n’avons qu’une heure maximum avant de ressentir les effets de la visite. Sa géochimie est unique au monde. Elle se caractérise par la concentration extrême de sel et d’éléments (Halite/souffre/sylvite/Gypse/Silice), son acidité (pH inférieur à 1) et sa température (108degrés dans les bassins). C’est ce qui donne une couleur spéciale à ces bassins mortels.







Je pourrai publier un millier de photos sur le Dallol. Aucune ne rendrait grâce aux couleurs, ni à l’impression d’aventure qu’on ressent dans un tel endroit, au bout du monde, au bout du désert, là où rien ne survit. Alors bien sûr il y a le danger, celui de tomber dans une crevasse et de finir en poulet KFC. Bien sûr il y a la chaleur, et l’inconfort (nous n’avons pas pris de douche depuis 3 jours). Mais je n’oublierai pas ce moment dans le désert !
D’autant qu’une surprise en cachait une autre. Juste à côté du Dallol et de ses merveilles colorées, un lieu encore plus incroyable m’a complètement choqué. Il n’est d’ailleurs pas inscrit sur les cartes et n’a pas d’autre nom que « canyon de sel« . Formé par l’érosion, on dirait tour à tour un chateau, une cathédrale ou une montagne de cristal. Je n’en avais jamais entendu parler, pourtant la plupart des tours opérateurs passent par là. Les murs du canyon, entièrement fait de sel, ne résisteront pas cent ans et je suis vraiment chanceux d’avoir pu voir ce lieu. Je vous laisse juger avec les photos qui suivent. Moi j’aurai pu rester une semaine là.







Le volcan Erta Ale :
Alors que nous nous éloignions du Dallol et de sa zone de mort, je ne pensais plus vivre de moment dangereux. C’était jusqu’à découvrir la dernière étape de ce voyage. Quand on s’approche d’un volcan (les vrais hein ceux qui font peur), l’idée c’est de voir le magma. Jusqu’à l’Ethiopie, je pensais qu’il suffisait de prendre de la hauteur pour le voir…
Nous dormions sur la crête (la partie jaune de la photo). De là, impossible de voir le coeur du volcan. Il fallait donc rejoindre à pieds la cheminée, en marchant sur le magma sec et noir du cratère.
SAUF QUE ! Il y avait eu une éruption une semaine avant notre arrivée. Le magma noir séché était encore chaud. Çà n’a pas freiné nos guides, deux jeunes inconscients de 14 ans qui mâchaient du Khat (la drogue locale) et qui pesaient 40 kilos maximum.
Les semelles de nos chaussures fondaient sous nos pieds. Le magma, en séchant, se remplit d’air. Marcher dessus, c’est comme marcher sur du polystyrène. Çà craque, çà s’effrite, çà s’effondre.
C’est le stress collectif qui nous a arrêté avant que nous ne fassions une vraie connerie. Ces photos ne sont pas les miennes et je ne verrai jamais le coeur du volcan… Je ne le regrette pas, parfois il faut savoir faire demi tour.
Quand et comment visiter le Dallol ?
Entre mai et octobre, il fait plus de 50 degrés dans la région tout au long de la journée. C’est invivable. Du coup, janvier-février est l’idéal. Pressez vous, parce que cette zone désertique n’est pas éternelle.
Il n’est pas légal de visiter le parc seul. En prenant des guides, vous faites vivre des familles entières pendant des mois. Je vous conseille de passer par Odysselux pour organiser au maximum votre séjour et minimiser vos risques.
La dépression du danakil est-elle dangereuse ?
L’Éthiopie est un pays en guerre civile. Informez vous, mais il faut rappeler que l’Éthiopie a été en guerre ou en insurrection 75% du temps depuis 20 siècles. La guerre est leur quotidien et ils la vivent comme tel. Ceci étant dit, le danakil est une des régions les plus sûres du pays. Le gouvernement en fait un point fort du tourisme. Vous êtes accompagnés de gardes armés par folklore plus que par nécessité.
Par contre, la misère règne dans la région. Apportez ce que vous pouvez donner à vos guides : T-shirts, chaussures, produits de première nécessité.
A qui je conseille le dallol ?
La région Afar est une des plus incroyables de notre planète. Tout voyageur doit en faire son objectif et personne ne peut être déçu.
Il faut par contre être assez accroché. D’abord physiquement parce qu’il fait chaud, qu’on dort par terre et que la nourriture est préparée à la one again a bistoufly. Ensuite psychiquement, parce qu’il faut être au clair avec cette idée du voyage : vous allez rencontrer la misère, le danger (relatif) et faire partie des pollueurs (vos guides jettent tout dans le désert). Mais justement, venir c’est aussi participer à l’éducation et aider les communautés sur place.
En Conclusion :
Tourisme :
Paysages uniques sur terre, merveilles géologiques et défi physique, ma visite du Dallol et de la région Afar est une de mes mémorables aventures. Pas seulement pour les photos que j’ai faites (qui ne sont pas réussies) mais aussi grace au groupe de voyageurs qui étaient tous sur la même longueur d’onde. Je n’ai pas les mots pour en dire plus, le dallol numéro 1 de mon top 10 depuis 10 ans, et le temps dira si c’est ma destination préférée. Mais il faut déjà enchainer sur la suite de mon voyage en Éthiopie, avec la visite du Simien.
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On a l’impression d’être dans les entrailles de la Terre