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Lalibela, Jérusalem Africaine

Lalibela, Jérusalem Africaine

Mon avis sur Lalibela, Jérusalem Africaine

L’Éthiopie est un des pays les plus incroyables et variés que j’ai pu visiter. Mais après la merveille Géologique du Dallol et les montagnes du Simien, je ne pensais pas préférer cette dernière aventure. Lalibela et ses milles églises, sa terre rouge comme le sang de la guerre qui y fait rage, ses enfants et leurs insouciance, la beauté des paysages des montagnes qui l’entourent. Bref c’est un énorme coup de coeur, et l’un des rares vrais lieux de spiritualité de notre planète.

Pour ceux qui débarquent ici sans être passé par mon article complet sur l’Éthiopie, allez le lire pour un peu de contexte ! En résumé : avec mon pote Henri, nous sommes en Éthiopie depuis deux semaines. C’est après avoir découvert les merveilles géologiques du Dallol, numéro 1 de mon top 10 voyage, et avoir perdu la santé dans le Simien à plus de 4000m que j’arrive à Lalibela. La ville fait partie de la région Amhara, qui fait sécession contre le pouvoir central. Çà fait donc une semaine que je subis le couvre feu, l’absence d’internet et le stress. Mais cette Jérusalem d’Afrique est le coeur spirituel du pays, et donc la zone la plus chaude des combats…

Pour arriver à Lalibela, il faut prendre l’avion depuis Adis. L’idée est d’éviter les routes détenues par les rebelles. J’avoue que nous sommes un peu stressés, puisque la ville sainte se rapproche de Timkat, la plus grande fête religieuse de l’année, et que tous les habitants des environs se sont rassemblés en ville. Comme ailleurs en Amhara, il n’y a quasiment pas de touristes. Et nous apprenons que deux semaines avant notre arrivée, pour Noël, les rebelles ont pris la ville et tué tous les policiers du gouvernement central.

 

La ville est à cran, et çà se sent. La guerre civile n’étant pas officiellement déclarée, le pouvoir central a envoyé l’armée pour tenir la ville et s’assurer qu’il n’y ait pas de débordement pendant la semaine de fête de Timkat. Tout le monde est armé. 

L'insurrection de l'Amhara :

Je voulais venir en Éthiopie depuis plus de 10 ans. Vous vous doutez donc bien que j’étais informé sur la situation géopolitique du pays. Depuis 2020, une guerre civile était en court entre le gouvernement fédéral et le Tigré, la province du nord du pays. Mais l’accord de paix fin 2022 devait réouvrir le pays.

Quelle n’était pas ma surprise en atterrissant à Gondar d’apprendre l’existence d’un couvre feu à 19h, l’absence totale d’internet et les patrouilles de la milice. Malgré ce qu’en disaient l’internet, le site France Diplomatie (la photo date de 2025), ou mon guide (!), la guerre civile éthiopienne n’était pas terminée. Elle s’était déportée du Tigré, à l’Amhara. Gondar était devenu la capitale de l’insurrection contre le pouvoir central. La ville sainte de Lalibela était le centre de toutes les convoitises. Nous allions passer deux semaines avec les rebelles

J’ai beau être habitué à toutes sortes de voyages et avoir traversé des territoires occupés (la Palestine, à pieds en 2019) ou chauds (le Sri Lanka en 2018), les fêtes de Timkat à Lalibela restent mon anecdote de voyage qui se rapproche le plus du journalisme de guerre.  

lalibela jerusalem d'Afrique, une église en forme de croix à Lalibela en Éthiopie

Lalibela, ville aux onze églises

Au 12ème siècle, à 2500m d’altitude, au Nord de l’Éthiopie, le roi Lalibela est inspiré d’une vision divine. Il décide de reproduire symboliquement la terre sainte, pour offrir à ses fidèles une alternative au pèlerinage jusqu’à Jérusalem. En moins de 24 ans, il fait creuser dans la roche volcanique 11 églises monolithiques. Les églises sont creusées de haut en bas, et on y entre comme dans un monde caché, par des tunnels et des passages secrets, symbolisant le voyage spirituel du chrétien. Classées à l’Unesco, ces églises millénaires ont survécu au temps et témoignent d’un christianisme africain ancien et non hérité de l’Europe.

La photo de Bete Giyorgis (Saint Georges, l’église en forme de croix) me trottait dans la tête depuis des années. Voir ces églises en vrai est encore plus incroyable. On ne sait toujours pas comment ces églises ont été construites, aucune information n’ayant été retrouvée (les Debteras, architectes étaient aussi astrologues et prêtres et leur savoir se transmettait à l’oral). Il y a une part de mystère qu’une telle merveille architecturale ait survécu à l’histoire, surtout dans un endroit aussi isolé, et en guerre. Je pense aux merveilles du passé perdues en Irak ou au Yémen à cause d’attentats stupides…

Je préfère ne pas mettre trop de photos des 11 églises. Il vaut mieux les découvrir sur place. Chacun a son histoire, sa légende, son accès spécifique. Les découvrir à pieds, c’est toucher à quelque chose de plus important que la beauté architecturale : une sorte de foi minérale enracinée dans la montagne. 

Timkat

Timkat, c’est l’épiphanie éthiopienne. C’est une fête plus importante que Noël, qui symbolise le renouvellement de la foi, et donc la nouvelle année. Elle a lieu le 19 janvier et commémore le baptême de Jésus par Jean le Baptiste (cocorico). La fête débute la veille, au coucher du soleil, avec une procession spectaculaire dans toute la ville appelée Ketera. Les prêtres sortent le Tabot, réplique cachée de l’Arche d’Alliance qui aurait été amenée à Lalibela au moment de sa fondation et placée dans les églises (prends çà Indiana Jones). Pendant une procession de plusieurs kilomètres qui ressemble à une énorme teuf où tout le monde est habillé en blanc, la foule veille toute la nuit, entonnant des chants mystiques.

Le lendemain, au lever du soleil, les grands prêtres bénissent l’eau du bassin central, et arrosent la foule, qui explose de joie. La fête peut alors commencer. La procession fait le chemin inverse et retourne aux églises et s’arrête à chacune d’entre elles pour célébrer. 

C’est ma plus belle expérience de voyage. 100.000 éthiopiens en liesse, dansant et chantant dans un contexte très religieux (pas d’alcool) et donc très bon enfant, c’est quelque chose. Nous étions les seuls blancs, avec quelques photographes du national geographic. Henri a même dansé au milieu de la foule. Si vous êtes curieux, la vidéo de Timkat sur mon instagram ici.

Les enfants de Lalibela

Je pensais venir à Lalibela pour  son mysticisme. Mais ce sont les enfants que je retiens. 

 

Timkat est un jour férié. Les enfants, libérés de l’école, erraient en ville par centaines comme auraient pu le faire ceux de chez nous. Plus curieux que les adultes, ils nous posaient des questions, tiraient sur nos manches, ou nous apprenaient l’Ahmarique (je sais compter jusqu’à 10). 

 

Lalibela est une communauté soudée. L’école est obligatoire et les adultes protègent les enfants, notamment de la mendicité : ne leur donnez pas d’argent !

Nous dormions un peu loin du centre ville (et donc de la teuf). C’était plutôt pas mal pour éviter le bruit, mais il fallait beaucoup marcher pour atteindre les églises. Le Panoramic view hotel donnait l’impression de n’avoir pas vu de touristes depuis des mois. La cuisine n’était d’ailleurs pas spécialement bonne et le wifi inexistant. Mais quelle vue ! 

Quand et comment visiter Lalibela ?

Lalibela se visite toute l’année. Il peut y faire un peu froid (c’est l’Afrique mais on est à 2500m d’altitude). 

Mais je conseille vraiment une visite au moment de Timkat (donc les 18-19 janvier) ou à la limite des autres fêtes religieuses chrétiennes : Pâques, Noël… La ville prend tout son sens à ce moment là. En plus vous éviterez les échauffourées avec les rebelles, puisque ce sont des moments de trêves. 

Je n’en ai pas parlé avant mais je connais un très bon guide, apprécié dans la communauté. Partez avec Odyssélux !

Lalibela est-elle dangereuse ?

L’Éthiopie est un pays en guerre civile. Informez vous, mais il faut rappeler que l’Éthiopie a été en guerre ou en insurrection 75% du temps depuis 20 siècles. La guerre est leur quotidien et ils la vivent comme tel. Ceci étant dit, l’Amhara et surtout Lalibela est au coeur de la bataille entre les rebelles et le gouvernement.  Faites vraiment attention et informez vous auprès de ceux qui savent ce qu’il se passe : les locaux !

Par contre, la misère règne dans la région. Apportez ce que vous pouvez donner à vos guides : T-shirts, chaussures, produits de première nécessité.

A qui je conseille lalibela ?

Lalibela est un des lieux les plus sacrés de la planète. On se sent plus près du mystique ici qu’ailleurs. C’est donc à cocher en plus des autres lieux de culte, surtout pour les chrétiens.

Il faut par contre être assez accroché. Physiquement çà va, malgré l’altitude et la chaleur, mais psychiquement, il faut être prêt à se déplacer dnas une région en tension.  Mais justement, venir c’est aussi participer à l’éducation et aider les communautés sur place.

En Conclusion :

Prix du voyage 65%
Paysages 90%
Tourisme :
Touristique 0%
Authenticité 100%

Ville sacrée, peuple effervescent et tension insurrectionnelle ma visite du Lalibela est ma plus incroyable aventure. Pas seulement pour les photos que j’ai faites (les enfants se sont prêtés au jeu) mais aussi grace à la rencontre de cette communauté du bout du monde, où la vie est si difficile. Il faut déjà partir et enchainer sur un nouveau défi physique : le mont abun yosef. 

1 réflexion sur “Lalibela, Jérusalem d’Afrique”

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