Être Nathan Drake à Khiva en Ouzbékistan
Être Nathan Drake à Khiva en Ouzbékistan
Nathan Drake, carrément ?
L’Ouzbékistan était tout en haut de ma liste depuis des années. Principalement à cause de Samarcande et de ses immenses Médarsa aux façades colorées de bleu. Et puis une fois sur place, je me suis rendu compte qu’il y avait des Médersa parfaitement conservées, dans presque toutes les villes Ouzbèques. Si Samarcande fait rêver et dépasse les frontières, Khiva m’a complètement bousculé. C’est tout ce que j’aime dans le voyage. Une cité antique en plein désert, qui a vu passer les époques mais qui n’a pas perdu de sa superbe. Une ville qui ne s’est pas encore occidentalisée, qui ne subit pas le tourisme de masse. Pas encore en tout cas. Une vraie perle et l’impression de jouer à un jeu vidéo, d’Uncharted à Tomb Raider en passant par Assassin’s creed. Le meilleur endroit du pays.

Même les aficionados de géographie connaissent mal l’Asie centrale. Je n’avais aucune idée de l’existence de Khiva avant d’arriver en Ouzbékistan. C’est pourtant aujourd’hui un de mes coups de coeur voyage.
À 10h de route de Samarcande, perdue entre plusieurs désert (dont au sud le désert du Karakoum, l’un des plus aride de la planète), Khiva est la dernière oasis Ouzbèque sur la route de la mer d’Aral. Après, c’est l’enfer jusqu’aux côtes de la Caspienne. Diminué par la chaleur, sa citadelle sera d’ailleurs ma dernière destination en Ouzbékistan, et je n’atteindrai jamais la mer d’Aral en 2024…

Petit point santé de l'aventurier :
Ce n’est pas sans encombre que j’aurai atteint Khiva. Je pensais pouvoir voyager en last minute, comme partout sur la planète et m’en sortir. Or, le transport en Ouzbékistan se fait majoritairement en train (voir mon article dédié). Et même hors saison, il n’y a pas assez de billets en vente pour assurer la demande. Quand j’ai voulu relier Boukhara et Khiva, il n’y avait plus de billets. Je me suis donc résolu à partir en covoiturage. Environ 500km séparent les deux villes, pour 6h de route. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est la chaleur. Dans une vieille voiture sans climatisation, j’ai passé les pires 6 heures de ma vie, en traversant le désert Ouzbek sous plus de 40 degrés. La chaleur ambiante, le sirocco qui ensablait mes narines et mes yeux me faisaient perdre connaissance et mes hôtes, qui ne parlaient même pas anglais, ne s’affolaient pas plus que çà d’avoir un occidental à moitié mort dans leur voiture. J’ai souffert mais tenu bon, et perdu mes dernières traces d’énergie sur ce trajet de la mort. Impossible alors de prolonger mon voyage et d’atteindre son objectif : la mer d’Aral…

L'histoire de Khiva :
D’abord, j’adore son nom. Khiva, çà conne bien (prononcez RI-VA). Dès l’entrée, on est impressionné par les murailles, moins hautes qu’à l’accoutumée. Khiva est elle une véritable forteresse ou une cité-musée à la Disney ?
La cité existe depuis le 6ème siècle, mais c’est bien plus tard, au 16ème siècle qu’elle gagne en importance et devient un carrefour important, notamment pour la vente des esclaves. Malgré une histoire moindre comparée aux capitales impériales qu’ont été Samarcande ou Boukhara, la cité a vite rattrapé son retard et a construit nombre des monuments que l’on peut voir aujourd’hui.


Les monuments d'Ichan-Kala :
Je n’attendais rien de Khiva, puisque je ne connaissait même pas son existence ! Je n’avais vu aucune photo. Pire ! Vu mon état de déshydratation pendant cette crise caniculaire j’avais du mal à tenir debout. C’est peut être pour çà que j’ai autant aimé Khiva, cité musée où chaque rue possède son monument :
Kalta-Minor est un minaret bleu turquoise qui n’a jamais été terminé. Comme il manque sa partie supérieure, il paraît beaucoup plus épais que les autres minarets du monde arabe. Pour la photo c’est top.
Le minaret de la mosquée Islam Khwaja (49 m) est comme un phare qu’on voit partout en ville. On peut y monter, mais le plus beau est la rue qui y mène comme dans la photo de gauche.
Kunya Ark : la citadelle des Khans : ressemble aujourd’hui aux autres Médarsa, mais c’est un exemple complet d’architecture islamique d’asie centrale.
Tosh-hovli et Juma Mosquée, deux monuments aux intérieurs luxueux. Le plus impressionnant est Juma et ses 212 colonnes en bois sculptés. Chacune sculptée par un artiste différent.
J’ai moins aimé le Nurullabai Palace, un Palais-jardin construit pour le fils du Khan et aujourd’hui un musée. Peut être parce qu’il est trop récent (1912).



Un immense souk à ciel ouvert :
Il y a tellement de monuments à visiter (prenez le pass unique à 15€ qui permet de tout voir, il s’achète sans problèmes à l’entrée) qu’il vaut mieux passer deux journées en ville.
Si vous êtes plus filous, il est possible d’éviter les entrées principales de la citadelle et de ne pas payer l’entrée en ville. Vous ne pourrez pas rentrer dans les monuments sans le pass, mais vous pourrez déambuler dans les rues de cet immense souk à ciel ouvert qu’est Khiva. Il y a beaucoup de chinoiseries, mais aussi pas mal d’artisanat local, dont des céramiques, des broderies, et une boutique de bijoux en argent.
Certains trouvent Khiva trop touristique, presque fake, ce n’est pas mon cas.


Les autres choses à visiter près de Khiva :
Les remparts : on peut faire le tour de la ville en montant sur les remparts de Khiva. Au coucher du soleil, la lumière y est exquise et on peut voir tous les minarets de la ville. Il n’y a pas grand monde. Le vigile a l’entrée m’y a même donné une pièce de collection en échange d’un euro. Profitez en pour voir les portes d’entrée de Khiva !
Les forteresses antiques de Toprak-Kala et Kyzyl-Kala datent du 2ème au 10ème siècle. Elles sont accessibles par excursion à la journée depuis Khiva.
Moynaq, l’ancien port de la mer d’Aral, était mon objectif en Ouzbékistan, mais je n’ai pas pu l’atteindre à cause de ma sévère déshydratation. Il est possible de visiter son cimetière de navires, posés en plein désert. Ce sont les derniers témoins de la présence d’une mer depuis longtemps asséchée par l’URSS. L’homme est un loup pour l’homme.
Le musée Igor Stravinsky à Noukous est une des plus grandes collections d’oeuvre d’art russes au monde !
Combien de temps prévoir à Khiva en Ouzbékistan ?
L’Ouzbékistan se visite souvent en train. J’ai fait un article complet à ce sujet, allez y pour plus d’infos ! Le pays fait la taille de l’Espagne, et peu de gens y passent plus d’une dizaine de jours. Khiva est donc une étape sur la route de l’Aral, l’ancienne route de la soie. Ce qui veut dire que les touristes restent une à deux nuits maximum dans chacune des villes d’Ouzbékistan. Même si je vous conseillerai d’y rester le plus possible pour flâner (et éviter la chaleur), Khiva est toute petite et après deux jours, vous risquez de vous y ennuyer. C’est en plus un endroit très touristique. Ne vous gâchez pas le plaisir !
Si vous avez besoin d’aide, notamment pour le choix de votre base et des hôtels (j’ai plusieurs partenariats directs), écrivez moi via Odyssélux !
Où dormir et où Manger ?
Où Dormir :
J’étais en Ouzbékistan en sac à dos, sans budget. Malgré la grande histoire d’accueil du peuple Ouzbek, je pense qu’il est difficile de voyager dans ce pays avec des attentes sur la qualité du logement « à l’européenne ». Il vaut mieux se rapprocher au maximum du logement chez l’habitant, où vous serez accueillis comme des rois. Il vaut mieux dormir dans la citadelle, malgré l’absence de luxe (et de piscine) qu’à l’extérieur où vous auriez toutes les commodités.
Où manger :
Khiva est l’endroit où j’ai le moins bien mangé en Ouzbékistan (allez voir mon article sur manger en Ouzbékistan). On sent la pression touristique et il y a un effet « restaurant de plage » : tout est plus cher et moins bon. Essayez de manger chez vos hôtes ce sera le mieux, sinon tentez une terrasse d’où vous verrez le coucher de soleil sur les minarets. Arxi Terrasa par exemple.
Récap : Que faire à Khiva en Ouzbékistan ?
Principalement, il faut déambuler.
Kalta-Minor le minaret bleu turquoise qui n’a jamais été terminé.
Le minaret de la mosquée Islam Khwaja (49 m)
Kunya Ark : la citadelle des Khans
Tosh-hovli et Juma Mosquée, deux monuments aux intérieurs luxueux.
Les remparts : on peut faire le tour de la ville en montant sur les remparts de Khiva.
Les forteresses antiques de Toprak-Kala et Kyzyl-Kala datent du 2ème au 10ème siècle. Mais évitez le désert du Kyzylkoum !
Moynaq, l’ancien port de la mer d’Aral
Le musée Igor Stravinsky à Noukous
En Conclusion :
khiva en ouzbékistan
Coup de coeur absolu pour cette ville fortifiée tout droit sortie des mille et unes nuits. Peut être qu’il y a un effet disney, et que vous mangerez mal, mais ce degré de conservation culturel permet un voyage total dans l’histoire de la route de la soie, et de l’Asie centrale. C’est un must go qui se hisse haut dans la liste de mes destinations préférées en voyage.
Je rêvais de l’Ouzbékistan et de ses Médersa depuis des années. Mon imaginaire m’emmenais en Perse, mais c’est dans un pays soviétique très ancré dans son histoire que j’ai visité en 2024, seul et en sac à dos. J’ai souffert de la canicule (plus de 40 degrés tous les jours) mais çà c’est une autre histoire…