Échouer à atteindre le désert de la Mer d'Aral
Échouer à atteindre le désert de la Mer d'Aral
Mon avis sur la mer d'Aral
Pourquoi j’écris un article sur le désert de la mer d’Aral alors que je n’y suis finalement jamais allé ? D’abord parce que c’était l’objectif de mon voyage. Ensuite parce que même si j’ai échoué à l’atteindre, le lieu et mon histoire sont intéressantes pour les voyageurs à deux niveaux : D’abord pour savoir trouver ses limites en voyage. Ensuite parce que la mer d’Aral reste un désastre écologique comme il en existe malheureusement trop sur notre planète : en rajouter une couche ici n’est pas de trop !

Pour planter le décors, voici une photo piquée à Wikipedia de la mer d’Aral entre 1989 (à gauche) et 2014 (à droite). Çà se passe de commentaires, non ?
La mer d’Aral était la 4ème mer intérieure la plus grande du monde. Située à cheval entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, elle s’étendait sur 68 000 km2 et plus de 40 000 tonnes de poisson y étaient pêchés chaque année. En 25 ans, elle a quasiment disparu, transformant le paysage en désert salin unique au monde.
Le pire ? Ce désastre est directement lié à l’homme.

Un désastre écologique directement imputé à l'homme :
L’assèchement de la mer d’Aral est une décision politique. Dans les années 60, l’URSS décide de détourner les eaux de ces fleuves pour irriguer massivement le coton et d’autres cultures dans les steppes arides d’Asie centrale, notamment au Turkménistan. Belle décision, quand on sait qu’il s’agit d’un des déserts les plus arides et chauds de la planète…
Ces canaux immenses ont en plus été mal conçus et … ils fuyaient. Résultat, 10 ans plus tard la Mer d’Aral était coupée en 2, les canaux déjà plus praticables et il était trop tard pour faire machine arrière.
L’Ouzbékistan est maintenant le 2ème producteur mondial de coton, mais le poisson a disparu…


Pourquoi je n'ai pas atteint la mer d'Aral :
Après Tachkent, Samarcande, Boukhara, ce n’est pas sans encombre que j’aurai atteint Khiva. Je pensais pouvoir voyager en last minute en Ouzbékistan (voir mon article dédié sur le train). Mais même hors saison il n’y a pas assez de billets en vente pour assurer la demande. Quand j’ai voulu relier Boukhara et Khiva, il n’y avait plus de billets. Je me suis donc résolu à partir en covoiturage. Environ 500km séparent les deux villes, pour 6h de route. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est la chaleur. Dans une vieille voiture sans climatisation, j’ai passé les pires 6 heures de ma vie, en traversant le désert Ouzbek sous plus de 40 degrés. La chaleur ambiante, le sirocco qui ensablait mes narines et mes yeux me faisaient perdre connaissance et mes hôtes, qui ne parlaient même pas anglais, ne s’affolaient pas plus que çà d’avoir un occidental à moitié mort dans leur voiture. J’ai souffert mais tenu bon, et perdu mes dernières traces d’énergie sur ce trajet de la mort.
Il faut parfois connaître ses limites, et savoir abandonner. Il m’était impossible de continuer même une journée de plus. Je n’arriverai jamais à la mer d’Aral. Pas en 2024 en tout cas.

Mon réel objectif :
La plupart des visiteurs de l’Ouzbékistan évitent la mer d’Aral. C’est difficile à atteindre, il n’y a pas grand chose à voir sur place et encore moins à faire.
Pourquoi était-je donc tant intéressé par ce désert ? Et bien parce que la situation est en train de s’inverser ! L’homme qui a détruit la nature peut aussi la régénérer. En 2003, avec le soutient financier de la banque mondiale, le barage de Kokaral est érigé au Kazakhstan et sauve la petite mer d’Aral, au Nord (les trois petits ronds sur l’image de gauche). Malgré le pessimisme et pour des sommes correctes (100 millions de $) la mer monte de 12 mètres en moyenne et le port d’Aralsk est à nouveau florissant.
Après cette réussite, plusieurs initiatives se multiplient dans la région. L’Ouzbékistan et le Turkmenistan adoptent une meilleure gestion de l’eau et les 3 pays coopèrent autour de ce sujet. Il y a encore beaucoup à faire mais l’eau revient ! Je voulais voir çà de mes yeux, mais peut être que dans quelques dizaines d’années il y aura à nouveau un lac. Il faudrait pour çà que l’Ouzbékistan s’engage un peu plus dans le programme Kazake…
Combien de temps prévoir dans le désert de la mer d'Aral en Ouzbékistan ?
Çà dépend de si vous voulez faire une expédition et dormir dans le désert ou pas. En 3 jours, vous allez vous ennuyer à Moynaq. Sauf si vous êtes dans un esprit de fin du monde / témoinagne de l’écocide.
Si vous avez besoin d’aide, notamment pour le choix de votre base et des hôtels (j’ai plusieurs partenariats directs), écrivez moi via Odyssélux !
Et pour votre départ de Tachkent, si bien évidemment vous prenez le train, mon article dédié vous aidera à vous retrouver dans les classes et les prix !
Où dormir et où Manger ?
Où Dormir :
Sauf si vous êtes en mode expédition et que vous dormez dans le désert (contactez moi via Odyssélux) la base pour découvrir les lieux est Noukous. L’hôtel Jipek Joli est le plus correct du coin. Si vous êtes vraiment chaud, vous pouvez dormir en Homestay à Moynaq. C’est ce que j’aurai fait.
Où manger :
Allez voir mon article dédié à la nourriture en Ouzbékistan ! Vous serez surpris de la qualité des petits restaurants locaux en plein milieu du désert. Plus de poisson depuis 20 ans, mais le plov est très bon.
Que voir dans la mer d'Aral ?
Vous vous arrêterez surement à Moynaq. C’est l’ancien port de pêche de l’Ouzbékistan. Aujourd’hui vidé de ses habitants, les touristes visitent le cimetière de bateaux échoués sur le sable. Ce n’est pas forcément beau, mais c’est fort de voir de ses yeux la conséquence de cet écocide.
Le désert d’Aralkoum. C’est l’ancien fond marin transformé en désert salé. Il y a des excursions en 4×4 pour voir les dunes. L’expérience est post apocalyptique et vous êtes au bout du monde.
Un peu plus loin, la ville de Noukous, d’où vous viendrez surement est la capitale de la région. Il y a un musée et quelques hôtels corrects.
Le plateau d’Ustyurt à la frontière du Kazakhstan a des falaises et des canyons.
Si vous n’y avez pas encore été, faites un détour par Khiva à quelques heures de route. Mon article détaille pourquoi vous devriez y aller !
Je rêvais de l’Ouzbékistan et de ses Médersa depuis des années. Mon imaginaire m’emmenais en Perse, mais c’est dans un pays soviétique très ancré dans son histoire que j’ai visité en 2024, seul et en sac à dos. J’ai souffert de la canicule (plus de 40 degrés tous les jours) mais çà c’est une autre histoire…