Étude sur l'âge des voyageurs en 2025
Étude sur l'âge des voyageurs en 2025
J’ai visité près de 65 pays. Ma volonté de mettre en avant le « contre tourisme » me pousse à aller là où les autres ne vont pas. Éthiopie, Palestine, Kosovo, mais aussi pas plus loin qu’en Espagne ou en France, je donne de la visibilité aux territoires que personne ne visite. Et vous savez quel est le dénominateur commun de ces endroits ? Je n’y croise presque jamais de jeunes voyageurs. Au début, je n’en faisait guère de cas. Qui veut aller au Kosovo de toute façon ? Mais petit à petit, cette réalité visuelle a commencé à me choquer. Surtout que même en Éthiopie en pleine guerre civile, j’ai vu des cars remplis de personnes âgées de plus de 60 ans. Cet article est là pour donner quelques chiffres et valider ma théorie !
Les prérequis de la réflexion :
C'est quoi
"être jeune" ?
Pour les français, c’est de plus en plus difficile de savoir ce que c’est qu’être jeune, puisque nos représentants publics ont 35 ans physiquement mais 85 ans dans leurs tête. Quand je parle de « jeunes » dans cet article, ce sera donc les 18-35 ans auxquels j’appartiens.
C'est quoi
"être vieux" ?
C’est ne pas avoir payé d’impôts sur l’héritage, bénéficié d’une croissance à deux chiffres pendant 20 ans, avoir construit sa maison première ligne à la mer quand çà coutait encore 150 francs et avoir obtenu une retraite à taux plein à 60 ans tout en demandant aux jeunes de repousser la leur jusqu’à 67 ans. Selon l’OMS, c’est avoir plus de 60 ans.
Mise de côté de la variable financière :
Dans cette réflexion j’écarte volontairement la notion de précarité. Il est prouvé que les personnes âgées possèdent aujourd’hui les richesses. Ainsi, le panier moyen du voyageur change du simple au double entre les « jeunes » et les « vieux » selon insuremytrip (travel trends of different ages). Mais 60% des 18-35 ans voyagent au moins une fois par an : l’argent n’est pas l’explication de leur absence à un endroit et pas un autre.
Les jeunes voyagent plus que les autres :
Une étude de Mkinsey (The way we travel now) estime que les « jeunes » représentent 36% des voyageurs à l’international, là où les retraité (65 ans et +) représentent 17%. Les jeunes voyageraient donc plus que les « vieux ». C’est d’autant plus vrai pour ce qui est du voyage à l’étranger, en comparaison au voyage domestique (deloite : Future of travel). Et ce n’est pas près de s’arrêter. Entre 1990 et 2025 le pourcentage de « jeunes » voyageurs a doublé (au détriment des 35-50 ans). De nombreuses études s’accordent pour dire que ce chiffre est encore voué à grandir à l’avenir.
Une concentration mondiale du tourisme
C’est vrai depuis des décennies. 3 pays se partagent le plus gros du tourisme mondial. À eux trois, France, Espagne et USA représentent 30% des voyageurs (230 millions selon l’OMT). Si on élargit aux 10 premiers pays, c’est 50% des voyageurs. Difficile de trouver les chiffres des endroits les plus touristiques comme Santorin, mais vous avez compris l’idée.

Les jeunes : Ultra connectés et influencés :
Selon Expedia, (les données datent de 2023 et j’ai tendance à dire qu’elles empirent) 72% de cette catégorie de jeune voyageurs choisit sa destination en fonction des réseaux sociaux. Les vidéos tiktok avec le hashtag #Mykonos ou #Maldives dépassent les 2 milliards de vues. Sur Instagram, #Dubaï domine le classement avec plus de 30 millions de posts…
Les algorithmes ont l’objectif de mettre en avant du contenu qui plaît. Ils favorisent donc un seul type de contenu, et participent à cette homogénéité du top 10 des destinations de voyage. Barcelone (43% de visiteurs « jeunes » selon observatorisme.barcelona), Santorin (85% selon The Guardian) et Bali, qui sont dans le top 10 des destinations mondiales sont ainsi des destinations majoritairement « jeunes ».
Une fois sur place, les « jeunes » ont tendance à singer les vidéos/photos qu’ils ont vu sur les réseaux, et se concentrent donc au même endroit.


Les séniors : Déconnectés et lents :
En 2025, hellotickets annonce une forte hausse (+60%) de réservations pour les destinations rurales ou isolées. Cette réflexion touche avant tout les « vieux » dont 48% préfèrent les destinations « non touristiques » (Booking, 2024). Tout à fait normal que je les croise au bout du monde alors !
Le slow travel que j’affectionne tout particulièrement est en forte hausse dans cette catégorie qui prend le temps de voyager ! Bien évidemment, ils ont plus de temps que les jeunes.
Ils réservent moins via les réseaux sociaux (9% selon Mckinsey, The way we travel now) mais sont toujours connectés et utilisent les blogs, les livres papiers et les agences de voyage pour s’organiser. Ils représentent 60% de la part de marché du voyage de luxe.
Une étude norvégienne (travel demographics, patterns and plans among adults travelers – IJIDRegions) montre que les « vieux » ont plus tendance à visiter les lieux « à risques » que les jeunes. 21,4% contre moins de 10%.

Qui sont les vrais aventuriers et pourquoi ?
Comme dirait un célèbre influenceur : « la question elle est vite répondue« . Les données sont formelles et valident ce que j’ai pu voir en voyage. Malheureusement la tendance ne va pas dans le sens opposé au tourisme de masse… C’est étonnant vu le matraquage écolo qu’on voit sur les réseaux…
Pourquoi les "jeunes" vont au même endroit ?
- L’influence des réseaux a bon dos, mais ce serait trop facile d’en faire la seule explication de l’écart jeune/vieux. Surtout quand on connait l’attrait des « vieux » pour ces même réseaux.
- Le temps. Les « vieux » ont plus de temps pour partir plus loin. J’ai mis de côté l’argent, mais c’est vrai qu’il permet aussi de mieux s’entourer pour organiser vos voyages.
- La peur de l’insécurité : C’est drôle, mais en matière de voyages, les « vieux » ont moins peur de l’insécurité que les « jeunes ». Ils font plus confiance à des tours organisés qu’à France diplomatie. Les jeunes ne font confiance qu’à ce qu’ils connaissent et qui est vendu comme 100% safe. C’est étrange, il y a plus de vols à Paris ou à Barcelone qu’en Irak.
- L’expérience : les « vieux » ont peut être déjà visité le top 10…
- Le besoin d’efficacité : les « jeunes » ont peu de vacances, et sentent le devoir de les rentabiliser. La notion de bucket list n’arrange rien.
- Le besoin d’image : on rejoint la réflexion sur les réseaux, qui poussent leurs utilisateurs à « valider » un endroit visité en le partageant.
Des lueurs d'espoir : écologie et curiosité :
Les « jeunes » sont plus conscients de l’enjeu écologique et ont plus d’années à vivre avec lui. Pourtant c’est déjà eux qui encouragent un tourisme de masse lancé par leurs aînés… Il faut construire sur ce paradoxe et ne pas seulement viser les plus âgés quand on parle des méfaits du surtourisme.
Si on veut éviter un tourisme décomplexé et fou il faut réconcilier jeunesse et curiosité et pas seulement parler de limitation des déplacements :
- S’inspirer de la façon de voyager des « vieux » et privilégier la lenteur et l’échange.
- Encourager le contre tourisme et la découverte des lieux moins connus. J’ai écrit un article sur les 10 règles du contre tourisme, allez le voir !
- Sortir de l’uniformisation du voyage et favoriser les transports doux comme le train.
En Conclusion :
Toutes ces données vont dans le sens de ce que j’ai vu « sur le terrain ». Les jeunes, poussés par les réseaux sociaux, se retrouvent tous au même endroit et participent au tourisme de masse. Les « vieux » ont plutôt tendance à aller voir ailleurs et sont les plus à même d’adhérer au contre tourisme et au slow tourisme. Mais il ne faut pas faire de jeunisme inversé. Ce n’est pas l’âge qui rend aventurier, mais la curiosité, la liberté d’esprit et le détachement de la norme.